L'utilisation des connaissances de l'alphabétisation fonctionnelle en hygiène et en nutrition familiale par les femmes rurales du Burkina Faso / par Ségué Sylvie Sanou

Auteur(s)Langue : Français Éditeur : [Montréal] Université de Montréal 1999Description : xiii, 220 f. : ill., tabl., cartes ; 28 cm Sujet(s) : Fonds : Fonds Co-SavoirRésumé : L’objectif de cette recherche est de déterminer s’il y a une utilisation effective des connaissances véhiculées par l’alphabétisation des femmes en milieu rural au Burkina Faso, ceci dans leur contexte de vie quotidienne. D’autre part, l’auteure se demande quels sont les facteurs d’utilisation et de non-utilisation de ces connaissances. Pour répondre à cette question, l’auteure présente les formes d’utilisation de ces connaissances pour en dégager les plus dominantes. Cette recherche a été entreprise pour contribuer au mandat que se sont donné les intervenantes et intervenants en alphabétisation du Burkina Faso, soit l’instauration de meilleures conditions de santé par l’intégration des thématiques sur l’hygiène de l’eau, l’entretien du cadre de vie et la nutrition familiale. Selon l'auteure, peu de recherches se sont penchées sur le transfert ou sur l'utilisation des connaissances en alphabétisation des adultes, particulièrement l'alphabétisation pratiquée dans les pays en développement. C'est pourquoi l'auteure de cette thèse a visé cet objectif. Elle a entrepris de le faire dans deux villages voisins, ethniquement et culturellement identiques, de la province du Houet au Burkina Faso. Le dioula, langue vernaculaire de la région, a été utilisé comme langue d'alphabétisation. L'échantillon de recherche a été formé, de façon aléatoire, de 16 femmes, toutes mariées et ayant trois enfants en moyenne. Ceci à partir de listes des femmes alphabétisées fournies par la Direction provinciale de l'éducation de base et de l'alphabétisation de la province du Houet. Ainsi, on a choisi au hasard 10 femmes à Tondogosso et 6 à Yéguérésso. La cueillette des données a été effectuée à l'aide d'entrevues individuelles et de groupe, ainsi que par l'observation du cadre de vie des femmes à l'aide d'une grille conçue pour vérifier l'existence et la mise en pratique des connaissances acquises. L'entrevue de groupe a permis de valider les résultats des entrevues individuelles. Les instruments de recherche (tous déposés en annexe du rapport) ont été administrés en bobo, langue maternelle des femmes concernées. La collecte des données s'est effectuée du 26 janvier 1998 au 26 février 1998, soit durant la saison sèche. L'analyse de contenu a été basée sur le modèle général d'analyse de contenu de l'Écuyer. D'après la recension des écrits, l'auteure a dégagé 3 formes d'utilisation des connaissances : la forme symbolique qui tend à prescrire des recommandations, à mettre en garde, à justifier ou sanctionner des comportements liés aux connaissances acquises en alphabétisation; la forme conceptuelle qui représente les compétences acquises sans que celles-ci soient nécessairement utilisées et la forme instrumentale qui vise l'application quotidienne des connaissances acquises. L'analyse des résultats indique que les femmes burkinabées de l'échantillon privilégient surtout la forme instrumentale de réinvestissement des connaissances. Leur utilisation peut aussi se répartir sous 3 types : une utilisation partielle, une non-utilisation et une utilisation totale. Les femmes burkinabées de l'échantillon pratiquent en majorité une utilisation partielle de leur connaissances. Les facteurs d'utilisation ou de non-utilisation des connaissances peuvent être liés au contexte, à l'utilisatrice, à la formation et à la communication. Bien que l'auteure ait identifié des facteurs d'utilisation dans l'analyse des résultats, les facteurs de non-utilisation prédominent et viennent inhiber les connaissances acquises par les femmes burkinabées. Parmi les facteurs de non-utilisation liés au contexte, l'auteure a relevé : l'environnement physique, le manque de temps, les contraintes familiales et les considérations culturelles. L'auteure soulève que l'homme, culturellement responsable de la mise en place d'un environnement ou d'infrastructures permettant de meilleures conditions d'hygiène, constitue souvent un frein à l'application des connaissances des femmes qui, elle, ont besoin de ces nouvelles installations. De plus, l'auteure souligne que la prise de décision dans les foyers burkinabés n'est pas donnée à la femme mais à la belle-mère, au mari ou aux personnes plus âgées de la famille. Ceci ne laisse pas beaucoup de place à l'application des connaissances des femmes néo-alphabétisées burkinabées. Les facteurs de non-utilisation liés à l'utilisatrice sont la surcharge de travail et l'absence de moyens financiers. Encore une fois, c'est la division sexuelle du travail dans les sociétés traditionnelles qui ne laisse pas de temps libre aux femmes pour s'adonner à autre chose qu'aux activités ménagères et agricoles. De plus, seul le grain est fourni par le chef de famille, ce qui laisse tout le reste de l'alimentation à la charge de la conjointe. Les facteurs de non-utilisation liés à la formation sont le suivi, la motivation et l'oubli. Le manque de suivi est attribuable à la rareté des ressources, telles les bibliothèques villageoises, et le retrait des livrets d'alphabétisation en fin de formation. Le manque de motivation des femmes serait causé en partie par la non-attribution d'attestation finale de réussite et la non-poursuite des finalités de la formation. Enfin, la langue d'apprentissage est le facteur de non-utilisation lié à la communication. ainsi le choix d'une langue d'enseignement différente de la langue maternelle des apprenantes constitue un facteur important de non-utilisation car cela est un frein à la compréhension des notions enseignées. Les femmes ne peuvent traduire les notions dans leur vie quotidienne. Les résultats de cette recherche permettent de confirmer l'importance des facteurs culturels dans l'application d'une connaissance donnée et d'apprécier les obstacles propres à la formation des femmes. La femme burkinabé, en plus d'assumer l'assainissement des eaux de consommation de la famille et l'amélioration de la nutrition familiale, doit veiller à la salubrité des lieux, puisque les hommes ne se sentent toujours pas concernés par ces domaines traditionnellement féminins, ceci bien que l'alphabétisation au Burkina Faso soit offerte à tous. L'auteure indique que les résultats de son étude permettent de constater qu'il y a effectivement transfert et utilisation des connaissances, davantage en hygiène qu'en nutrition. L'utilisation reste partielle en raison des facteurs de non-utilisation qui sont liés surtout au contexte. Cette recherche a permis de confirmer que les femmes de milieu rural, au sein des pays en développement, ne jouissent pas d'une totale liberté d'action dans les sphères où la famille, comme entité globale, entre en jeu. Leur environnement immédiat est pour ces dernières un frein à l'utilisation des connaissances. L'auteure recommande donc que les hommes burkinabés soient encouragés à s'alphabétiser et qu'ils soient sensibilisés à la situation actuelle de la femme afin de reconsidérer leurs comportements en milieu familial. Elle recommande aussi que l'alphabétisation se fasse dans la langue première des apprenantes le plus souvent possible. En plus d'émettre plusieurs recommandations quant aux contenus et modes d'alphabétisation au Burkina Faso, l'auteure suggère plusieurs pistes de recherche, notammant d'analyser plus à fond le rôle des facteurs culturels dans l'utilisation des connaissances; de faire une étude sur le processus de post-alphabétisation et des suivis après la formation; des études comparatives portant sur les langues d'alphabétisation soient entreprises pour aider à comprendre l'impact de la langue d'enseignement sur la traduction en pratique des connaissances de l'alphabétisation.
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Type de document Bibliothèque propriétaire Collection Cote Statut Date d'échéance Code-barres
Imprimé COMPAS Thèse de doctorat 37.014.22-055.2(662.5)San 1999 (Parcourir l'étagère(Ouvre ci-dessous)) Disponible 000000919501

Cette thèse a été présentée à la Faculté des études supérieures de l'Université de Montréal en vue de l'obtention du grade de Philosophiae doctor en Sciences de l'éducation, option andragogie. Elle a été évaluée par Nicole A. Tremblay, présidente du jury, Claudie Solar, directrice de recherche, Claudia Danis, membre du jury et Louise Lafortune, examinatrice externe. Cette thèse a été soutenue et acceptée le 25 mai 1999. Cette recherche a été menée grâce au soutien financier du Programme canadien de bourse de la francophonie.

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